Les 50 Français les plus influents du monde en 2019

Diplomatie, luxe, cinéma, culture, food, engagement, sport, recherche... En 2019, les Français se sont particulièrement distingués dans ces domaines. Voici les cinquante qui ont le plus impressionné et fait rayonner, du G7 à Notre-Dame, du Nobel à Hollywood.
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Vanity Fair
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Les séries et les films produits par les plateformes de streaming continuent cette année de brouiller la frontière entre le grand et le petit écran.

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Tahar Rahim et Leïla Bekhti, acteurs, 35 et 38 ans

En tête de notre palmarès 2019 des 50 Français les plus influents, Leïla Bekhti et Tahar Rahim, couple à la ville depuis dix ans, jouent pour la première fois ensemble dans The Eddy, une série créée par Damien Chazelle pour Netflix. Une couverture en duo, c’est aussi une première pour eux. De Bangkok à Paris, chacun sur son tournage, Philippe Azoury a rencontré ces grands amoureux du cinéma. À lire dans Vanity Fair.

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Mati Diop, réalisatrice, 37 ans

Première femme noire sélectionnée en compétition à Cannes et première récompense, le grand prix (la plus prestigieuse après la palme d’or) pour Atlantique, long-métrage sensible et habité sur la jeunesse dakaroise. Netflix a racheté les droits pour le marché international. « À Dakar, de nombreux spectateurs m’ont dit qu’ils avaient reconnu leur quotidien, souffle-t-elle. Ça m’a donné beaucoup de force. » La classe, tout simplement.

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Léa Seydoux, actrice, 34 ans

Il est rare qu’une actrice soit reconduite d’un James Bond à l’autre : les femmes qui croisent 007 meurent souvent avant la fin, voire disparaissent dans la masse de ses conquêtes d’un soir. Tel ne sera pas le destin de celle qui a tourné dans Mourir peut attendre, suite de Spectre (2015), où elle campe toujours la proustienne Madeleine Swann. Le signe d’un rayonnement international qui passe par la porte plus étroite du cinéma d’auteur. En 2019, c’était Roubaix, une lumière, d’Arnaud Desplechin, en compétition à Cannes. On la retrouvera en 2020 dans The French Dispatch, le nouveau Wes Anderson, dont elle est, depuis Grand Budapest Hotel, une fidèle (à moins que ce ne soit l’inverse).

Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes, 59 ans

Après une édition 2018 où il avait dû composer avec une faible présence américaine et les remous de l’affaire Weinstein, le patron de Cannes a démontré que son festival n’avait rien perdu de son influence. Il a assuré le retour sur la Croisette de Quentin Tarantino ou de Terrence Malick et donné plus de visibilité aux réalisatrices (encore minoritaires) dans une sélection officielle de haute tenue. Mais la meilleure illustration de la force de frappe retrouvée de son festival demeure le spectaculaire succès en salles de Parasite, du Coréen Bong Joon-ho, palme d’or 2019.

Catherine Deneuve, actrice, 76 ans

Forte de la liberté offerte par une vie de cinéma et d’engagements, elle n’hésite pas à s’exprimer dans des contextes hostiles, prenant la défense de Roman Polanski ou de Woody Allen. Ces sorties font parfois de l’ombre à ses films – quatre en 2019. Après La Dernière Folie de Claire Darling, L’Adieu à la nuit et Fête de famille, elle sera, à Noël, à l’affiche de La Vérité de Hirokazu Kore-eda (palme d’or 2018), où elle se confond de manière troublante avec son personnage, une grande actrice régnant sur une maison baroque. La reine Catherine, en vrai.

Emma Mackey, actrice, 23 ans

L’actrice franco-britannique est peut-être la meilleure raison de regarder Sex Education (Netflix), série américaine qui éclaire les émois adolescents d’une lumière délicate et impudique. Dans les mois prochains, elle sera à l’affiche de Mort sur le Nil, adaptation au casting luxueux d’un fameux Hercule Poirot, et d’Eiffel, biopic de l’ingénieur de la tour du même nom, au côté de Romain Duris. Son premier rôle dans sa langue maternelle.

Dali Benssalah, acteur, 27 ans

Le grand public l’a découvert dans la série Les Sauvages, mais les cinéphiles l’avaient repéré dans le clip du duo électro The Blaze, où on le voit fumer sur les toits d’Alger et avaler les ruelles de la médina en mimant l’orang-outang. Son talent est désormais une évidence : cet ancien du Cours Florent, ex-champion de France de boxe thaï, donnera la réplique à Daniel Craig dans le prochain James Bond.

Saïd Ben Saïd, producteur, 53 ans

​​​​​​Sa société de production, SBS, a sorti trois films en 2019, réalisés par des cinéastes venus d’autant de continents différents. Synonymes de l’Israélien Nadav Lapid, ours d’or à Berlin ; Bacurau des Brésiliens Kleber Mendoça Filho et Juliano Dornelles, féroce charge anti-Bolsonaro et prix du jury à Cannes, et enfin Frankie de l’Américain Ira Sachs, avec une Isabelle Huppert impériale dans le rôle-titre.

L’environnement prend une place de choix dans l’engagement citoyen, avec de nouveaux acteurs : les patrons du luxe.

François-Henri Pinault, chef d’entreprise, 57 ans

Business of Fashion, en septembre 2018, titrait : « Le pionnier ». Cet automne, la Harvard Business Review le classait troisième parmi les PDG les plus performants au monde. François-Henri Pinault excelle depuis vingt ans à marier business, créativité et engagement environnemental, annonçant récemment la neutralité carbone du groupe Kering. Cet été, c’est aussi lui qui a présenté devant les dirigeants du G7 le Fashion Pact à la demande d’Emmanuel Macron. Un exercice de haute voltige pour réunir 32 entreprises mondiales autour de la biodiversité, du climat et des océans, salué par la remise d’un Visionary Award devant la fine fleur de l’industrie de la mode lors des Green Carpets Fashion Awards à Milan, après laquelle il s’est envolé vers Shanghai pour la première édition du K Generation Award.

Emmanuel Faber, chef d’entreprise, 55 ans

Emmanuel Macron a demandé au patron de Danone de fédérer le monde des affaires contre les inégalités. Résultat : celui-ci a fait signer à 34 multinationales un engagement à mieux partager les fruits de la croissance. Au sommet de l’Onu sur le climat, il a aussi présenté la charte One Planet Business for Biodiversity, signée par Nestlé, McCain ou L’Oréal.

Axel Dumas, gérant d’Hermès International, 49 ans

La remarquable lancée que connaît Hermès permet à ce représentant de la sixième génération de la famille fondatrice de poursuivre une ambitieuse politique de création d’emplois. Depuis 2010, neuf nouvelles maroquineries ont été ouvertes et quatre autres devraient voir le jour d’ici à 2022. Une volonté d’indépendance permet à la maison et à ses métiers (maroquinerie-sellerie, vêtements et accessoires, soie et textiles, bijouterie, parfums, art de vivre...) de fabriquer 70 % des produits en interne et 80 % dans l’Hexagone, défendant ainsi une certaine idée du luxe français au succès impressionnant.

Juliette Lévy, cheffe d’entreprise, 32 ans

Les produits de beauté ne lui semblaient pas assez responsables et verts. En 2013, elle a donc fondé un e-shop spécialisé dans les cosmétiques « propres ». En 2019, Oh My Cream ! compte quinze points de vente en France, 13 millions d’euros de chiffre d’affaires et un fonds d’investissement, ECP II, s’est offert 41% des parts.

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Alexandra Cousteau, militante écologiste, 43 ans

De son commandant de grand-père, elle a hérité la passion des océans. Engagée pour leur préservation, cette militante multiplie les projets. Depuis 2012, elle conseille l’ONG Oceana, qui lutte pour la protection des écosystèmes marins et des espèces en voie de disparition. Elle tourne actuellement pour National Geographic un documentaire sur la pollution plastique en Méditerranée avec le réalisateur Christian Gaume.

Raphaël Pitti, médecin, 69 ans

Si un humanitaire incarne une certaine idée de la France, c’est bien lui. Ex-médecin général des armées, professeur agrégé, spécialité « urgence et catastrophes », il vole depuis quatre décennies aux secours des victimes de guerre. La Syrie le hante, où il a déjà formé près de 24 000 secouristes et soignants, dont de nombreux étudiants en médecine ayant dû abandonner leur cursus à cause de la guerre.

Philippe Villeneuve, architecte, 56 ans

Peu après l’incendie de Notre-Dame, il est allé lui-même tirer des décombres le coq girouette placé par Viollet-le-Duc au sommet de sa flèche. Aujourd’hui, l’architecte du chantier le plus scruté au monde s’attelle à tenir la promesse d’Emmanuel Macron : reconstruire la cathédrale en moins de cinq ans.

Des grands crus à la pâtisserie de luxe en passant par la gastro- chic : cinq nouvelles preuves de l’excellence française.

Hélène Pietrini patronne du 50 Best World's Restaurants, 47 ans

Big boss du World’s 50 Best Restaurants, classement le plus prescripteur du monde, elle réconcilie les indomptables Gaulois avec la nouvelle géopolitique de la food. Avec succès : cette année, le n°1 est Mirazur, à Menton, dirigé par le chef italo-argentin Mauro Colagreco.

Paul Pairet, chef, 55 ans

Français, né à Perpignan, c’est en Asie qu’il trouve sa place. À Shanghai, il a installé trois restaurants, dont Ultraviolet, trois macarons Michelin et un canard laqué au Coca. Distingué par le classement du World’s 50 Best Restaurants 2019, il a rejoint le jury de la onzième saison de Top Chef.

Stéphanie de Boüard-Rivoal, viticultrice, 37 ans

Elle incarne le renouveau et la modernité du saint-émilion. À la tête de Château Angélus, premier grand cru classé A en 2012, l’héritière du domaine familial, formée dans les vignes puis à l’ESCP, s’est engagée dans un long processus de conversion de ses cultures au bio tout en rachetant cette année Le Gabriel, une institution de la gastronomie à Bordeaux.

David Holder, chef d'entreprise, 51 ans

La baby shower de l’année ? Celle de Megan Markle chez Ladurée à New York. David Holder est derrière le succès de l’entreprise rachetée en 1993 avec un seul établissement parisien. Il réinvente aujourd’hui la centaine d’ambassades de l’art de vivre à la française dans 28 pays avec sa sœur Elizabeth, tendance vegan, low-sugar et responsable.

Céline Pham, cheffe, 31 ans

Chef indépendante à la formation classique (École Ferrandi, Saturne, Septime), elle réalise une cuisine sur-mesure aux accents vietnamiens pour des évènements privés. Un soir, elle prépare un dîner chez Chanel ; un autre, elle donne une conférence sur le riz pour Relais & Châteaux.

Rappeurs, metteurs en scène et Djadja sur toutes les ondes : les artistes français ont surpris le monde par leur inventivité et leur modernité.

Aya Nakamura, chanteuse, 23 ans

Elle mêle le bambara au français, collabore avec le rappeur américain Lil Pump et fait danser toute l’Europe. Djadja, dont le clip a été vu 400 millions de fois sur YouTube, s’est même hissé à la première place des classements néerlandais, ce qui n’était pas arrivé depuis Édith Piaf. « J’ai grandi sans icônes féminines noires et françaises, a-t-elle glissé au New York Times. Il est temps que ça change. »

Alexis Michalik, metteur en scène, 36 ans

Drôle d’idée de mettre ses pas dans ceux d’un géant, Edmond Rostand, dont le Cyrano de Bergerac est la pièce française la plus jouée au monde. Et pourtant : son Edmond à lui, dans lequel il réinvente la genèse de ce chef-d’œuvre du xixe siècle, connaît une fortune appréciable. Avec plus de 1 000 représentations au compteur, il est désormais sur scène en Belgique, au Québec et au Royaume-Uni. À Londres, celui que le Guardian qualifie de « golden-boy du théâtre », a également adapté un autre de ses succès, Intra Muros, traduit en anglais par sa mère.

PNL, rappeurs, 33 et 30 ans

Début avril, Deux frères, leur troisième album, a réalisé le meilleur démarrage d’album rap en vente physique dans le monde. Au DD, le premier morceau annonçant l’album, a été consacré « titre le plus écouté en 24 heures sur Deezer », et son clip, vu plus de 12 millions de fois en une seule journée. Des Tarterêts à Berlin, d’Alicante à Miami, le monde offre un trône aux frères Andrieu et à leur façon de réinventer le français sans donner d’interview et en ne passant par aucune chaîne de distribution.

DJ Snake, producteur, 33 ans

Il se fait discret en France, mais à l’étranger en 2019, DJ Snake, c’était la tête d’affiche du Coachella festival, plus de 13 milliards de streams entre YouTube et Spotify, la couverture du magazine Billboard aux États-Unis, une vénération absolue en Inde et deux récompenses aux Latin American Music Awards. Un homme du monde.

Léonore Baulac, danseuse, 29 ans

Sacrée étoile fin 2016 après avoir incarné Odile/Odette dans Le Lac des cygnes, elle interprète les plus grands rôles à l’Opéra de Paris et lors des tournées asiatiques. Au Japon, elle signe des centaines d’autographes après chaque ballet. Engagée, elle prête son image à l’association What dance can do project, qui vient en aide aux enfants défavorisés.

Vincent Delieuvin, consevateur, 41 ans

Avec Louis Frank, il organise la plus grande exposition sur Léonard de Vinci au Louvre (un million de visiteurs attendus). Et dire qu’enfant, il fuyait les musées ! Diplômé de l’Institut national du patrimoine, il s’est pris de passion pour la peinture italienne du xvie siècle lors d’un séjour d’étude à Rome. Devenu conservateur au Louvre, il se penche sur les copies des assistants de Léonard. Alliée à une nouvelle technique de réflectographie infrarouge, cette approche lui permet en 2012 de restaurer Sainte Anne, ultime chef-d’œuvre de Vinci.

Philippe Parreno, plasticien, 55 ans

En 2017, il avait déjà fait sensation à la Tate Modern (à Londres) en présentant Anywhen, un colossal automate fait d’enceintes et de panneaux mobiles suspendus. Deux ans plus tard, pour fêter sa réouverture cet automne, le musée d’art moderne de New York (Moma) lui donne carte blanche. Sa pièce maîtresse : un engin formé de sculptures motorisées qui réagit aux données recueillies autour de lui. L’inspiration de ce fan de foot, qui a co-réalisé avec l’Écossais Douglas Gordon le célèbre film-portrait in-situ sur Zinédine Zidane pendant un match en 2006 ? Le personnage de bande dessinée Danny the Street, superhéros caméléon, qui se transforme au gré de ses déambulations urbaines.

Xavier Veilhan, plasticien, 56 ans

Deux ans après avoir représenté la France à à la Biennale de Venise, l’artiste expose un peu partout à travers le monde : à Séoul en début d’année, au musée d’art, d’architecture et technologie, à Stockholm, Shanghai, São Paolo et même Angers, dans les lointains Pays de la Loire.

Patrick Drahi, chef d’entreprise, 56 ans

Le magnat des télécoms, connu pour ses montages financiers acrobatiques, a créé la surprise cet été en achetant, à la barbe d’investisseurs chinois, la maison d’enchères Sotheby’s pour 3,3 milliards d’euros. Pas une danseuse, mais une nouvelle étape dans la carrière de ce collectionneur de Chagall et de Vasarely.

Cécile Verdier, cheffe d’entreprise, 52 ans

François Pinault a choisi cette spécialiste des arts décoratifs du xxe siècle pour diriger la branche française de Christie’s. Chez Sotheby’s, où elle a passé dix ans, elle s’était fait remarquer en organisant la dispersion des collections de Félix Marcilhac ou de Jacques Grange. « Moi qui ne suis pas du tout manuelle, le monde des objets m’a toujours fascinée », dit-elle. Premiers chefs-d’œuvre à passer sous le marteau : trois Dubuffet ayant appartenu à Ieoh Ming Pei et L**e parc des princes de Nicolas de Staël.

Kamel Mennour, galeriste, 54 ans

Vingt ans déjà que ce fils d’un peintre en bâtiment né en Algérie a ouvert à Paris le premier espace de sa galerie qui a fait des petits depuis. Celui qui représente Buren, Parr ou Kapoor a été en avril un des trois seuls galeristes à exposer Judith et Holopherne, tableau retrouvé dans un grenier en 2014, et attribué au Caravage.

Laure Prouvost, plasticienne, 41 ans

À la biennale de Venise, où elle représentait la France (avec Martha Kirszenbaum), son installation Vois ce bleu profond te fondre a été une des plus applaudies. « C’est l’œuvre dont le monde parle », constatait le New York Times en juin. Dans les pays anglo-saxons, la réception du prix Turner 2013 l’avait propulsée dans la galaxie des artistes qui comptent.

Pénélope Bagieu, dessinatrice, 37 ans

Culottées, sa BD féministe où elle dessine d’un trait vif et militant des histoires de femmes qui ont bravé l’ordre patriarcal, s’est vendue à près de 500 000 exemplaires en France. Succès qui s’est vite étendu au reste du monde : elle a reçu cet été le prix Eisner, considéré comme le plus prestigieux du genre aux États-Unis. Elle est désormais traduite dans une quinzaine de langues.

Michel Koch, Directeur artistique, 39 ans

Il est arbitraire de le dissocier de Raoul Barbet, co-développeur et co-scénariste des deux saisons du très réputé Life is Strange, fleuron sensible du studio Dontnod. Dans la saison 2, ce jeu vidéo s’intéresse à une certaine marginalité : l’Amérique déclassée. Son cinquième et dernier épisode sort en décembre 2019. 2020 s’annonce copieux pour Dontnod, avec Twin Mirror, collaboration avec Bandaï-Namco.

Vanity Fair
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Emmanuel Macron, président de la République, 41 ans

Confronté à des mouvements sociaux d'ampleur sur le territoire national, Emmanuel Macron n'en reste pas moins l'un des leaders les plus dynamiques et disruptifs de la planète. Vanity Fair raconte ici comment ce jeune énarque qui, avant d'entrer à l'Élysée, n'avait aucune expérience diplomatique, s'est forgé une stature internationale reconnue dans le monde entier.

Année après année, la création française donne le la du style mondial et parvient, toujours, à se renouveler.

Delphine Arnault, femme d’affaires, 44 ans

Elle a commencé 2019 en rejoignant le comité exécutif de LVMH, où elle est la seconde femme à siéger. Elle connaît par cœur l’histoire des maisons du premier groupe mondial de luxe : elle s’attache autant à en préserver le savoir-faire qu’à en assurer l’avenir, en les ouvrant à d’autres horizons créatifs. Chez Louis Vuitton, bien sûr, où elle occupe le poste de directrice générale adjointe depuis 2014, mais aussi à travers le LVMH Prize qu’elle a fondé en 2013. Les lauréats de cette année, originaires d’Afrique du Sud et d’Israël, peuvent témoigner de ce soutien constant à la création qui se veut inclusif et sans doute moins statutaire. Son autre cheval de bataille, c’est la diversité, avec notamment la place des femmes en entreprises, une initiative menée à travers les actions du groupe et ses multiples rencontres.

Olivier Gabet, directeur du Musée des Arts décoratifs*,* 43 ans

Le 107, rue de Rivoli doit beaucoup à ce diplômé de l’école des Chartes arrivé en 2013, après être passé par le musée d’Orsay et le musée d’Art moderne de la ville de Paris. Inviter la poupée Barbie parmi les chefs-d’œuvre des arts décoratifs français n’allait pas de soi. Pourtant, la fréquentation est en hausse régulière, dépassant même les 700 000 visiteurs pour l’exposition événement consacrée à Christian Dior en 2017. En 2019, il rayonne également sur les rives du Golfe Persique. Ayant travaillé au cœur du projet Louvre Abou Dabi, il a joué un rôle clé dans la conception de sa magistrale exposition en cours, « 10 000 ans de luxe », et le prêt de 350 pièces exceptionnelles venues de tout l’Hexagone. Ce lettré papivore a également signé la préface du livre consacré au décorateur Pierre Yovanovitch et le beau livre revenant sur les deux décennies de Victoire de Castellane chez Dior Joaillerie (les deux chez Rizzoli).

Natacha Ramsay-Levi, directrice artistique, 39 ans

C’est l’une des rares Françaises à piloter le studio d’un des poids lourds de la mode. Après avoir fourbi ses armes auprès de Nicolas Ghesquière chez Balenciaga puis Louis Vuitton, elle a rejoint la maison Chloé en 2017. La presse salue ses collections à l’esprit bohème et body-conscious, un éclectisme chic qu’elle fait défiler en Chine, une première pour Chloé. En 2019, elle a aussi présidé le festival d’Hyères.

Mathilde Thomas, femme d'affaires, 47 ans

Quand elle a lancé Caudalie avec son mari en 1995, l’idée était d’introduire les bienfaits des pépins de raisin (polyphénols, antioxydant) au cœur de l’industrie cosmétique. Cinquante boutiques-spas (à Tokyo, New York, Mexico) plus tard, sa vision verte n’a pas faibli. Caudalie participe notamment à « 1 % pour la planète », ce mouvement lancé en 2002 aux États-Unis par Yvon Chouinard, fondateur de Patagonia, et Craig Mathews, ex-propriétaire de Blue Ribbon Flies, qui consiste à reverser 1 % de son chiffre d’affaires mondial (280 millions d’euros en 2018) à des initiatives écologiques. Mathilde Thomas est ainsi devenue la principale donatrice en Europe. En parallèle, plusieurs missions ont été menées cette année pour réduire l’impact de la production cosmétique du groupe : 7 millions d’arbres plantés à travers le monde, 12 tonnes de plastique économisées en diminuant simplement la taille des flacons de gel douche. L’avenir ? Atteindre l’objectif zéro déchets d’ici à 2022.

Dorothée Boissier, architecte d’intérieur, 48 ans

Associée à son compagnon Patrick Gilles au sein de leur agence, elle a ouvert cette année la première boutique-appartement de décoration de l’avenue Montaigne. L’écrin du Triangle d’or ne saurait faire oublier la réussite planétaire de cette diplômée de Penninghen, ex-collaboratrice de Christian Liaigre, dans les univers de la restauration, du yachting, des résidences privées et de l’hôtellerie de grand luxe. Signataire du Baccarat Hôtel de New York, ainsi que du futur Six Senses de Big Apple, elle a livré en 2019 le Four Seasons de Montréal et peaufine le cinq-étoiles Barrière à Saint-Barthélemy. Proche de Remo Ruffini, son agence travaille autant aux stupéfiantes boutiques Moncler qu’aux projets personnels de l’homme d’affaires italien.

Mariam de Vinzelle, mannequin, 21 ans

Repérée à Beaubourg, Mariam de Vinzelle est aujourd’hui l’un des visages exclusifs de Louis Vuitton, seule maison pour laquelle elle défile. Sa silhouette s’affiche dans Pop Magazine, dans les éditions internationales de Vogue. Autant de séances venant s’ajouter à son emploi du temps d’élève à l’École supérieure de physique et de chimie industrielle de la ville de Paris. Le grand écart ? Non. À l’avenir, dit-elle, « je voudrais associer la sensibilité artistique acquise chez Louis Vuitton à ma future profession d’ingénieure physicienne ».

Caroline de Maigret, idole, 44 ans

Comment la décrire ? Difficile de circonscrire Caroline de Maigret à une seule aventure. Cette mannequin, qu’on ne voit plus beaucoup défiler, a su prendre la tangente de la modernité et du contemporain en se créant une présence forte sur les réseaux sociaux, tout en cultivant une image de Parisienne plus saillante et forte que celles qui l’ont précédée dans cet étrange rôle qui s’adosse à vous sans crier gare. Caroline, égérie Chanel, est aussi l’une de ces filles qui, en 2019, ont su le mieux téléporter la silhouette de la marque au-delà des frontières, y glissant quelque chose de rock, de décomplexé et de cool. On a envie de penser qu’elle est l’incarnation parfaite de ce que Karl Lagerfeld et Virginie Viard, qui lui a succédé, avaient théorisé. Et on se réjouit de savoir que son livre, Older But Better But Older (The Art of Growing up), sortira en Angleterre et en Australie le 31 décembre. Une date idéale pour fêter le passage du temps.

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Prix de la banque de Suède, prix Kavli, prix Turing... En 2019, les Français ont raflé de nombreuses distinctions.

Esther Duflo, économiste, 47 ans

La France célèbre son prix Nobel (la plus jeune et l’une des rares femmes) non sans regrets d’avoir laissé filer outre-Atlantique cette surdouée, fille d’un mathématicien et d’une pédiatre, formée à Normale Sup, avant d’être recrutée au MIT. Elle s’est tôt distinguée par ses recherches sur les mécanismes de pauvreté et la façon de les réduire, en privilégiant les enquêtes de terrain, qui lui valent aujourd’hui la reconnaissance du monde entier.

Thomas Ebbesen, physico-chimiste, 65 ans

Pour ses recherches sur la lumière, il vient de décrocher la médaille d’or du CNRS. Ado, ce fils d’une artiste peintre et d’un officier de la Norwegian Air Force se rêvait photographe. Devenu scientifique après un passage au Oberlin College (États-Unis) et à l’université Pierre-et-Marie-Curie, il fait la découverte en 1998 d’un nouveau phénomène optique : la transmission extraordinaire. Envoyant valser le consensus de l’époque, il démontre alors que la lumière peut passer par des ouvertures plus petites que sa propre longueur d’onde, ce qui change tout dans la façon dont seront construits les capteurs lumineux. Ses trouvailles lui ont déjà valu le prix Kavli des nanosciences, équivalent du Nobel.

Yann Le Cun, chercheur en Intelligence artificielle, 59 ans

Longtemps, on a cru qu’il fallait programmer les ordinateurs. Puis on a compris qu’ils pouvaient apprendre seuls. C’est ce qu’a développé Yann Le Cun, lauréat avec Yoshua Bengio et Geoffrey Hinton du prix Turing pour leurs travaux sur le deep learning. Une distinction attendue pour le chef du laboratoire d’intelligence artificielle de Facebook, dont il a installé une antenne à Paris.

Lucile Capuron, chercheuse en immuno-psychiatrie, 46 ans

Voilà plus de deux décennies qu’elle explore l’âme humaine. Ses travaux, qui lui ont valu prix et renommée internationale, démontrent que certaines dépressions sont liées à des « mécanismes inflammatoires », c’est-à-dire aux réactions de l’organisme face à des maladies chroniques ou à des agressions. Cette approche offre des pistes prometteuses pour le traitement d’une affection qui touche près d’un million de personnes en France. Elle partage son temps entre le laboratoire bordelais de l’Inra où elle dirige une trentaine de personnes et les centres de recherche, aux États-Unis et en Europe, spécialisés en immuno-psychiatrie.

Stefanie Stantcheva, économiste, 33 ans

On peut se spécialiser dans les effets de la fiscalité sur les inégalités et être sacrée meilleure jeune économiste de la décennie par le très libéral The Economist. Comme Esther Duflo et Emmanuel Saez, la professeure à Harvard tente de faire entendre une petite musique de gauche dans l’Amérique de Trump. Sa vocation serait née lors de séjours chez ses grands-parents dans sa Bulgarie natale. « Il y avait de l’hyper-inflation. Les gens couraient dans les magasins pour acheter des produits, explique-t-elle. J’ai été fascinée par les effets de l’économie avant même de savoir ce que c’était. » Cette surdiplômée (Cambridge, Polytechnique, Paris School of Economics) travaille aujourd’hui sur l’effet des taxes sur l’innovation en collectant les brevets déposés aux États-Unis sur l’ensemble du xxe siècle.

Non, les sportifs français n’ont pas tout perdu en 2019. Au moins trois d’entre eux ont gagné toute notre admiration.

Wendie Renard, footballeuse, 29 ans

Si la coupe du monde a connu un tel engouement, c’est aussi un peu grâce à elle. La défenseure des Bleues a imposé élégance et autorité sur les terrains comme dans les médias. Orpheline de père à l’âge de 8 ans, elle incarne la victoire de la volonté sur les préjugés.

Rudy Gobert, basketeur, 27 ans

Fer de lance de l’équipe de France, qui a battu les États-Unis en quarts de finale de la coupe du monde – un exploit –, le géant originaire de Saint-Quentin est un défenseur hors pair, reconnu des experts de la NBA. On l’attend au prochain All-Star Game.

Karim Benzema, footaballeur, 31 ans

Didier Deschamps n’en veut plus en équipe de France et il n’est pas spécialement à l’aise face aux micros. Mais sa réussite au Real Madrid retourne l’opinion en sa faveur sur les réseaux sociaux. Nul n’étant prophète en son pays, on l’a vu en couverture du Vogue Arabie, façon danseur de flamenco.